Petite expérience post-soviétique


 Mille excuses pour mon manque d'assiduité. Je vais essayer de me rattraper avec une petite série d'impressions russes, tirées de mon voyage d'une semaine à Moscou !...


Moscou m'a fascinée... et glacée. Les températures étaient pourtant clémentes...

Ce n'est pas une ville humaine : tout est trop vaste, trop grave, trop solennel. On sent que l'on se trouve dans un pays de géants où l'espace ne manque pas - et l'on évolue comme l'on peut en tant que piétons, en longeant des avenues larges, saturées et bruyantes qui ne prêtent guère à la promenade.


On sent également la tragédie coller au pavé - l'émotion m'a saisie en foulant le sol de la Place Rouge, en dépassant le mausolée de Lénine et le monument au soldat inconnu, en apercevant la tristement célèbre Loubianka, très active pendant les purges staliniennes, et en grimpant la rampe permettant d'accéder au Kremlin. Je me suis vraiment demandé comment l'on vit avec un héritage si dramatique et si présent dans le paysage...




Le passé soviétique s'impose dans l'architecture sévère et grandiloquente des rues, et jusque dans le métro, lui aussi marqué par l'ambition de prestige du régime. Un métro où j'ai peiné à trouver mon chemin car tout y est écrit en cyrillique - et où les visages fermés autour de moi n'étaient pas une réelle invitation à me faire aider...






La froideur des Russes m'a surprise - j'ai découvert que le sourire n'est pas vraiment une convention sociale à Moscou. Le manque de connaissance de l'anglais n'aide pas non plus à faciliter les échanges... Ce qui ne veut pas dire que la gentillesse est absente des comportements. Je repense à cette femme, qui a abandonné sa place dans une queue, devant la galerie Tretiakov, pour me désigner la bonne entrée - ou ce serveur qui m'a dessiné un smiley sur la mousse de mon café à l'aéroport, alors que je tirais grise mine en cette heure trop matinale. Des attentions touchantes et d'autant plus surprenantes qu'elles ne s'accompagnaient pas de la chaleur d'un sourire...


J'ai également fait l'expérience d'une autre facette de Moscou - celle de l'ivresse de la grande vie, aux antipodes de la rigueur soviétique. Les circonstances m'ont amenée à déguster un incroyable petit déjeuner à l'hôtel Kempinski, avec caviar et champagne à disposition, à aller en Porsche Cayenne dîner dans un restaurant de fruits de mer ultra select, éclairé de la lumière des candélabres et décoré dans un style rococco totalement improbable - une expérience proprement surréaliste.






En passant par la place Rouge, j'ai bien évidemment également jeté un coup d'oeil au Goum, cette galerie commerçante à l'architecture démesurée où se concentrent désormais les boutiques de luxe - son histoire résume bien les mutations sidérantes que le pays a traversé. Ce temple du consumérisme contemporain a été nationalisé en 1917 par les bolchéviks pour être utlisé comme bureaux aux commissions du plan quinquennal, avant de redevenir un magasin en 1953 - même si les denrées y étaient rares et les queues légendaires. Voilà qui m'a laissée songeuse...










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