Le business du sacré

Dans les temples de Chine, il y a foule... un phénomène assez significatif si l'on considère que la religion a subi des décennies d'interdictions, de condamnations et de persécutions qui ont culminé pendant la Révolution culturelle. En 1982, la Constitution a rétabli la liberté religieuse sous le contrôle de l'Etat. Ces dernières années, les religions (populaires, taoïstes, bouddhistes) sont en plein essor et les temples sont rebâtis. Les fidèles renouent avec le culte des dieux, en vénérant un panthéon en constante évolution ; ils renouent aussi avec le culte des reliques, les fêtes et les offrandes.

Le fait religieux est donc un élan social très vivant - et pourtant, il est difficile de détecter une profonde religiosité dans les comportements. Tout d'abord, on est très loin de l'ambiance recueillie des églises occidentales. En Chine, on parle fort et on rit. J'ai même entendu de la radio mise à fond dans un temple taoïste de Zhouzhuang, et vu des moines soulager le dos de leur collègues par des petits massages.

Ensuite, l'argent est omniprésent : dans les commerces qui fleurissent aux alentours des temples, où il faut absolument acheter son encens avant de pénétrer dans l'enceinte sacrée ; et dans les temples eux-mêmes, on l'on officialise la somme à verser pour rendre correctement hommage à Bouddha. Chacun accomplit les mêmes gestes : enflammer les bâtons d'encens et se livrer à des génuflexions. On s'amuse aussi à viser une lanterne en lançant des pièces de monnaie, pendant que les enfants font tourner les moulins à prières en riant.

En somme, le geste prime, le rituel inscrit l'individu dans une dynamique collective. Mais pas question de mysticisme...







































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